Titre : Où le loup demeure
Auteur : Aurore Gomez
Édition : Magnard
427 pages
Résumé : A Fonfroide, petit village niché au coeur des montagnes, l'arrivée des loups divise les habitants. Tandis que les uns affichent une franche hostilité, d'autres cherchent coûte que coûte à les protéger. Benjamin, lui, y voit un bon sujet de documentaire pour son concours d'entrée dans une prestigieuse école de cinéma et Mathilda l'occasion de prendre un nouveau départ loin de tout ce qu'elle connaît. Pour Abel, l'enjeu est tout autre. Fasciné par les loups, il craint que leur présence lève le voile sur le lourd secret qu'il cache depuis des années... Laissez-les vous raconter leur histoire, car, à Fonfroide, le temps des bouleversements et des métamorphoses est arrivé.
Chronique :
Déjà je croyais qu’on allait parler vraiment de loups, mais en fait ... pas vraiment. On suit donc Abel, ado marginal qui vit la plupart du temps dans la forêt pour cacher son secret. Son meilleur ami Benjamin veut faire un documentaire sur les loups qui peuplent la montagne et qui se rapprochent de plus en plus près du village de Fonfroide. Une nouvelle lycéenne, Mathilda vient vivre chez sa tante à Fonfroide pour échapper à ses problèmes. La sœur d’Abel, Emilie, traine avec deux caïd, les cousins Ange et Joris, qui harcèlent souvent Abel et dont toute la famille hait profondément les loups.
J’ai bien aimé le personnage d’Abel, il est très mature pour son âge. Son meilleur ami Ben est plutôt amusant et donne du rythme au récit, mais est parfois un peu lourd. Mathilda, elle, est à la fois sympathique, j’ai notamment apprécié ses relations avec Abel et Ben, et à la fois un peu enfantine sur ses réactions (et en même temps ce n’est qu’une adolescente). Les personnages secondaires sont plutôt bien construits mais pas tellement détaillés. Ils ne sont pas forcément attachants mais pas détestable non plus, à pars Joris et Ange qui sont les caricatures des brutes du lycée.
Abel cache donc un secret derrière ses crises d’angoisse. On met un peu de temps avant de connaître ce secret. Et quand je disais que je croyais lire un livre centré sur les loups mais qu’en fait ce n’était pas trop le cas, c’est qu’effectivement il y a des loups dans les montagnes, et même si les problèmes du village sont les conséquences directes de la présence de ces loups, la réelle intrigue vient du secret d’Abel … qui est un lycanthrope ! Lorsqu’il a des crises, c’est qu’il se transforme. Alors il vit la plupart du temps dans les bois pour ne blesser personne. Abel est fasciné par les loups auxquels il s’identifie beaucoup. Personne ne connaît son secret à part sa mère et sa sœur, qui d’ailleurs ne le croit pas. C’est la mère d’Abel qui lui a annoncé qui il était vraiment après que son père (qui était aussi lycanthrope) les ait abandonné tous les trois lorsqu’ Abel et Emilie étaient enfants.
C’est ça le combat : ne pas se perdre.
Je ne sais pas si je dois vous dévoiler la fin, il s’agit d’un gros spoiler mais je trouve que ça casse vraiment tout le reste du récit. Alors pour ceux qui souhaitent connaître le principal défaut de ce roman, lisez le paragraphe suivant, pour les autres, rendez-vous plus bas !
*** DÉBUT SPOILER***
On découvre donc, grâce à Emilie, que celui-ci n’est pas un lycanthrope. Étant persuadé d’en être un, il se cause lui-même ses douleurs et ses absences. Sa mère a cru naïvement son mari et a pensé que son fils était un loup-garou. Il n’y a donc pas l’ombre de surnaturel dans cette histoire. Et là, je trouve tout ça un peu gros. Déjà la mère … elle persuade elle-même son fils qu’il se transforme en loup. Son discours à la fin me donne l’impression qu’elle est atteinte d’un trouble psychologique ou de démence. Quant à Abel, je reste tout de même attaché à son personnage, cependant je trouve le fait de se rendre malade parce qu’il pense être lycanthrope, un peu exagéré.
*** FIN SPOILER***
La seule partie de cette fin que j’ai apprécié, c’est le changement de point de vue sur Emilie. Je ne l’aimais pas jusqu’à cette fin. Je ne comprenais pas comment elle pouvait être si méchante avec son frère et pourquoi elle trainait avec les deux bourreaux d’Abel. Finalement c’est elle qui dévoile la vérité à Abel. D’après moi, la réaction d’Emilie est la plus logique comparée à celle de sa mère et de son frère.
Pour conclure cet avis, je dirais globalement que c’est une lecture satisfaisante. La plume de l’auteure n’est pas transcendante mais j’ai aimé comment était amenée l’intrigue. Les chapitres sont courts et permettent d’avancer plus vite dans l’histoire. J’ai été déçue car ce n’était pas du tout le style de roman que je pensais lire (mais ça c’est de de ma faute). Par contre tout le récit est gâché par cette fin absolument illogique à mon sens. Cette fin détruit en un instant tout ce qu’a construit l’auteure sur 400 pages. Ma réaction première à cette conclusion a été « tout ça pour ça ?! »
J’avais mis 15/20 à ce livre car à part la fin c’était une bonne lecture, mais en prenant du recul, je ne pense pas qu’elle vaille plus de 14. La fin est tout de même la partie la plus importante d’une intrigue, et celle-ci ne me convient pas.
Si vous lisez ce récit, j’espère que vous trouverez plus de sens à cette intrigue que moi.